Le rôle de la jeunesse
Charlie Le Paige au Forum de la jeunesse de la Conférence internationale ‘Pour l’équilibre du monde’, La Havanne, 25 janvier 2023
Merci pour l’invitation à ce forum et cette occasion d’échanges unique.
Le rôle de la jeunesse, un thème important et actuel qui a été aussi au cœur des discussions de notre dernier congrès. Et c’est à partir de là que je voudrais partager avec vous quelques réflexions.
1. Rôle de la jeunesse – sans la jeunesse, pas de changement social
La jeunesse joue un rôle important dans quasi tous les grands mouvements de masse, qu’il s’agisse des révolutions du XXe siècle, de la résistance antifasciste, de la lutte contre le colonialisme, de mai 68... Ca a été vrai tout au long du siècle dernier et c’est encore vrai aujourd’hui, il suffit de voir des mouvements comme le printemps arabe, les mobilisations internationales pour le climat ou autour de Black Lives Matter.
Sans la jeunesse, il n’y a pas de changement social. La classe travailleuse, de par sa place dans le processus de production, son organisation, ses traditions de lutte est la seule classe capable de diriger et d’imposer un véritable changement de société, mais la jeunesse comme groupe social a le potentiel pour jouer un rôle de déclencheur et d’amplificateur dans les luttes. L’énergie et la créativité de la jeunesse sont des armes puissantes. Dans ce sens, on peut dire que ceux qui capitulent dans la lutte pour la jeunesse, capitulent dans la lutte pour le changement de société.
2. La jeunesse aujourd’hui – 4 caractéristiques
Évidemment la jeunesse n’est pas un groupe homogène, elle est traversée, comme toute la société, par des différences de classes qui sont déterminantes.
Mais en même temps la jeunesse est une couche spécifique dans la société, une couche qui est définie par son âge, qui change et évolue rapidement. Chaque génération à ses propres codes, ses habitudes, son langage, ses manière d’interagir et ses références culturelles.
On peut retrouver 4 caractéristiques chez les jeunes générations actuelles :
1° La jeunesse aujourd’hui est confrontée de plein fouet à la crise du système capitaliste et à ses différentes facettes au niveau économique, climatique et militaire.
Au niveau économique, la crise pousse au renforcement de l’exploitation. Les jeunes sont en première ligne sur le marché du travail : ils sont confrontés au chômage, aux contrats précaires, à la flexibilité, à l’uberisation et aux intérims. Ils ont du mal à se payer un logement et assurer leur moyens d’existence à un moment de la vie où ils commencent souvent à fonder une famille. Dans les quartiers populaires, les jeunes sont confrontés à la violence policière et au racisme dès leur plus jeune âge. Et la pandémie de Covid est aussi passée par là. Et aujourd’hui vient s’ajouter la crise énergétique et la crise alimentaire au niveau mondial, qui touche durement l’ensemble des populations, y compris les jeunes. En Europe occidentale, les jeunes générations sont les premières générations confrontés à la perspective de vivre moins bien que leurs parents.
La crise climatique est également une réalité de plus en plus palpable. Depuis longtemps déjà dans les pays du Sud avec des conséquences dramatiques, mais de plus en plus aussi chez nous en Europe. Les vagues de chaleurs se succèdent, les records de sécheresse aussi, et nous vivons des épisodes de catastrophes naturelles comme les grosses inondations qui ont touché la Belgique à l’été 2021. Nous fonçons dans le mur au niveau du climat, et à une vitesse plus rapide que celle prédite par les scientifiques. Cette crise climatique aggrave les conditions de vies de milliards d’individus sur notre planète, et elle hypothèque le futur des prochaines générations. C’est la base objective sur laquelle grandit la conscience climatique parmi les nouvelles générations, et qui mène à des mobilisations grandissantes sur le sujet.
L’éclatement de la guerre en Ukraine met la jeunesse européenne face à la réalité de la guerre. Une réalité qui était vécue déjà par les jeunes sur les autres continents. Et une réalité qui, certainement dans le cadre de la confrontation qu’est en train de mener la puissance états-unienne contre la Chine, fait augmenter sérieusement encore le risque de guerre au niveau mondial, ce qui inquiète particulièrement les jeunes.
Toutes ces crises touchent évidemment l’ensemble de la classe travailleuse, mais aussi spécifiquement la jeunesse. Sans parler de la pandémie de Covid et des mesures qui ont été prises, qui ont touchés les jeunes. Dans les moments les plus sombres de la crise, où les lockdowns et les mesures de restrictions s’enchaînaient, les jeunes ont fortement soufferts : les écoles ont été fermées tout comme les activités sportives, les lieux de rencontres et de culture. L’être humain est un être social, c’est encore plus vrai pour les jeunes : ils ont besoin les uns des autres pour se construire et développer. Or, quand il s’agit de prendre des mesures sanitaires fortes, les jeunes ont été souvent parmi les premiers sacrifiés et les derniers soutenus. Ces mois et années de crise laissent des traces à long-terme.
2° Maîtrise des nouveaux moyens de communications – la connexion avec le monde – et l’internationalisation croissante des luttes
Notre génération a grandit avec les smartphones, les médias sociaux et les dernières technologies. Cela offre des nouvelles possibilités insoupçonnées en matière d’organisation et de communication. Et, dans une monde où les technologies se développent à un rythme de plus en plus rapide, le rôle des jeunes générations devient lui de plus en plus important. Beaucoup plus qu’avant encore, nous avons d’apprendre des jeunes.
Cette évolution technologique ouvre aussi par ailleurs une dimension internationale aux mouvements sociaux comme le voit par exemple ces dernières années avec les grèves pour le climat ou le mouvement autour de Black Lives Matter qui ont eu des répercussions bien au-dela des frontières de quelques pays.
3° Le propre des jeunes est qu’ils ne sont pas encore installés dans la vie, une partie n’a pas encore fondés de familles, ils ont la vie devant les eux, ils ne sont pas (ou en tout cas moins) freinés pas la routine, l’habitude, le poids du passé. Les jeunes osent remettre en question ce qui paraît immuable. C’est une importante source d’énergie, d’engagement et de contestation.
4° La jeunesse d’aujourd’hui en Belgique est aussi de plus en plus diverse. Dans les grandes villes belges actuellement trois quart des jeunes enfants ont des parents d’origine étrangère. C’est une réalité qui est très différentes de celle des générations précédentes et qui fait que les jeunes sont plus sensibles aux discriminations et au combat anti-raciste.
Certaines de ces caractéristiques sont communes à toutes les jeunes générations dans l’histoire. D’autres sont propres aux jeunes générations actuelles au XXIe siècle. Elles sont la base qui permet d’expliquer le potentiel révolutionnaire de la jeunesse.
3. La bataille pour la jeunesse
Le capitalisme n’a plus d’idéal à offrir aux jeunes. Au début, la bourgeoisie avait encore en quelque sorte sa vision du monde. Aujourd’hui elle ne peut plus donner de vision de société cohérente. Elle éparpille la science dans des domaines isolés, elle est un frein pour répondre aux différentes crises. Beaucoup de jeunes le sentent.
On voit l’inquiétude grandir au niveau des représentants de l’establishment. Le Financial Times titrait récemment sur « Les millenials qui bouleversent la plus vieille règle en politique et ne se déplacent plus vers la droite en vieillissant » (30 décembre 2022). Une étude sur des données britanniques et des Etats-Unis montrent en effet que les millenials, cette génération qui s’est politisée à la suite de la crise financière mondiale de 2008, s'orientent beaucoup plus vers la gauche en matière d'économie que les générations précédentes, en favorisant une plus grande redistribution des riches vers les pauvres. Les études montrent également que, malgré la propagande quotidienne, le capitalisme perd de plus en plus de son attrait chez les jeunes, tandis que, y compris aux Etats-Unis, le mot « socialisme » (re)devient de plus en plus populaire[1]
C’est dans ce cadre que les forces bourgeoises mettent les bouchées doubles dans la bataille pour gagner la jeunesse. Elles diffusent leur conception du monde et leurs modèles commerciaux basés sur l’individu, la consommation, la concurrence et l’égoïsme. Elles imposent une énorme sélection sociale au niveau de l’enseignement, gaspillant une énorme quantité de talents. Leur but est d’un côté de gagner un maximum de jeunes, et d’inculquer à tous les autres la résignation, le découragement et le sentiment d’impuissance collective. Car les problèmes de société causés par le capitalisme mènent aussi à beaucoup de pessimisme parmi les jeunes, qui perdent confiance dans la possibilité d’un avenir positif.
Face à cela, et comme toujours en période de crise, il y a la montée des forces d’extrême-droite, politiques mais aussi religieuses, qui tentent d’embrigader la jeunesse, de répondre au pessimisme et au défaut d’identité collective en offrant une identité basée sur le racisme, le nationalisme, la violence et le rejet de l’autre, une vision de société qui masque les contradictions de classe.
Si nous n'offrons pas d'alternative sociale aux jeunes, ils opteront pour l'individualisme, le nihilisme ou l'extrême droite. Le défi pour les forces progressistes c’est de mener et gagner cette bataille. Il y a une ouverture et un potentiel, car énormément de jeunes sont justement à la recherche d’une vision du monde émancipatrice. Une vision du monde dans laquelle les droits et les services collectifs sont garantis pour que chacun puisse être réellement soi-même et puisse déployer tous ses talents. Une vision qui s’oppose à toutes les discriminations, raciales, de genre, d’orientation sexuelles ou autre. Une vision construire autour d’un « nous » collectif , un « nous » unificateur », un « nous » des créateurs de richesse, « un nous » de la classe travailleuse.
La crise économique. La crise climatique. Les guerres impérialistes. Ce sont des conséquences du système capitaliste, et il n’y a pas de solutions durables à ces problèmes dans le cadre de celui-ci. C’est à nous d’arriver à gagner la jeunesse à cette analyse. C’est à nous, par exemple, à faire de la question du climat une question de classe, d’expliquer le lien avec le système économique actuel. Une enquête que nous avons fait chez les jeunes en Belgique montre que le climat est – avec la question du racisme – la préoccupation première des jeunes belges d’une part. Et que, d’autre part, ils considèrent que ce sont les grandes multinationales les principales responsables, avec une ouverture pour une analyse anti-capitaliste. C’est notre tâche de saisir de ce potentiel et d’offrir une perspective émancipatrice et libératrice à la jeunesse.
Mais la première condition pour pouvoir mener cette bataille est d’en avoir conscience. Lors de notre dernier Congrès nous avons justement pointé le manque de conscience et d’unité dans notre parti à ce niveau. C’est ce que nous voulons rectifier dans les années qui viennent.
Car dans un monde qui change, nous avons besoin comme parti de l’énergie de la jeunesse, de son engagement, de sa détermination, de sa maîtrise des nouvelles technologies.
Le parti a besoin des jeunes, et les jeunes ont besoin d’un parti pour orienter et approfondir leur envie de changement, leur énergie, et pour la lier au vaste mouvement d’émancipation de la classe travailleuse.
4. Rajeunir – devenir le parti de la jeunesse
En partant de l’expérience que ce sont les jeunes qui attirent les jeunes : pour toucher, mobiliser, organiser la jeunesse, nous avons besoin d’ un parti qui est lui-même rajeuni. Nous avons discuté concrètement lors du congrès récent du parti des mécanismes qui freines ce rajeunissement et pris une série de mesures :
- Des quotas pour la présence de jeunes de -30 ans au Conseil national et dans les conseils provinciaux du parti (au moins 10%)
- La mise sur pied d’une Commission jeunes du Conseil national
- Donner des responsabilités finales à des jeunes sur différents terrains dans le parti, et mettre en avant de jeunes porte-paroles
- Rajeunir notre communication
- Rajeunir nos groupes de base, et permettre temporairement la mise sur pied de groupes de bases organisant les camarades jeunes
- Et investir dans le soutien à nos trois organisations de jeunes que sont les pionniers (pour les enfants), RedFox (pour les écoliers) et Comac (pour les étudiants).
5. L’expérience de RedFox – le défi de construire un large mouvement de jeunes
Sur ce dernier point : les organisations de jeunes jouent un rôle clef pour mobiliser et organiser la jeunesse.
A partir de 2015, nous avons posé les bases pour reconstruire un large mouvement de jeunes écoliers : RedFox. C’est un exemple que je veux développer pour montrer le potentiel qui existe aujourd’hui parmi la jeunesse.
Alors que depuis la fin des années ‘90, nous n’avions plus de réel mouvement de jeunes en capacité d’avoir un impact parmi les jeunes écoliers, nous avons décidé de lancé RedFox en 2015 et de mettre la priorité sur son développement.
Pourquoi mettre la priorité sur RedFox comme mouvement de jeunes écoliers ?
- Les écoliers sont la plus grande partie de la jeunesse, y compris la jeunesse ouvrière. Au niveau des étudiants il y a un fort filtre en matière de sélection sociale qui exclut une partie importante des enfants de la classe ouvrière.
- C’est dès le plus jeune âge que la vision capitaliste du monde est imposée aux jeunes, c’est dès le plus jeune âge qu’il est important de proposer une alternative. D’autant plus que ce qu’on apprend quand on est jeune, on l’apprend pour toute sa vie.
RedFox vise conscientiser, mobiliser et organiser les jeunes de 12 à 21 ans qui sont encore à l’école secondaire. Comme organisation de masse, elle possède ses propres structures, ses principes organisationnels adaptés, sa propre dynamique et ses propres campagnes. Evidemment RedFox comme organisation de jeunes est liée au parti, mais les membres de RedFox ne sont pas membres du parti, ils sont membres de l’organisation de jeunes du parti. L’accent est mis sur l’action et l’éducation.
Nous avons construit RedFox à partir d’actions et d’initiatives concrètes, sur le terrain et en ligne :
DiverCity, un festival organisé chaque année par et pour les jeunes dans un quartier populaire d’une des plus grandes villes du pays. Ca a été une des initiatives de lancement de RedFox, avec une première édition en 2015. Et chaque année en mai depuis. C’est une initiative qui est poussée par les jeunes eux-mêmes, pour mettre la diversité et un message anti-raciste en avant de manière positive et via des voies d’expressions culturelles. L’édition 2022 a rassemblé près de 6.000 jeunes.
La mobilisation historique des écoliers pour le climat en 2019 a aussi été un moment important dans la construction de RedFox. A ce moment-là, à partir de janvier et durant plusieurs semaines, des milliers de jeunes ont mené des actions et fait la grève pour le climat en Belgique. Au plus fort du mouvement, le 24 janvier 2019, 35.000 jeunes écoliers ont défilé dans les rues de Bruxelles. Plusieurs jeunes de RedFox ont pris en main la lutte dans leur école et dans leur ville. Ils ont mis sur pied des comités, pris la parole en public, donné des formations et organisé des grèves. Ils ont fait signé des milliers de pétitions pour rendre les transports en communs gratuits. C’est une école de la lutte qui a marqué une génération entière de jeunes militants en Belgique, et qui a aussi permis de faire un saut qualitatif dans la construction de RedFox.
Pendant la crise du Corona, au moment où des nombreux jeunes souffraient d’être cloîtrés chez eux et du repli sur eux-mêmes, RedFox a mis sur pied l’initiative « Jeune et Solidaire » afin d’enthousiasmer des centaines de jeunes pour des actions de solidarité concrète. Les jeunes ont été aider dans des maisons de repos ou des maisons médicales, ils ont été distribué des repas pour les sans-abris et les migrants ou encore récolté des ordinateurs portables pour des jeunes qui en avaient besoin.
RedFox a aussi mené d’autres actions et campagnes, notamment en Solidarité avec la Palestine lors d’une nouvelle agression israélienne contre les palestiniens en mai 2021 ou pour le droit des élèves contre les règlements d’écoles discriminants.
La grande campagne lancée l’année passée est celle autour de la journée de lutte contre le racisme le 21 mars. L’objectif est de créer sur quelques années un grand mouvement dans la jeunesse de tout le pays, avec des grèves et des actions dans plusieurs centaines d’écoles. De créer un large courant contre le racisme chez les jeunes et de mettre l’extrême-droite sur la défensive. Et grâce à ce genre de campagne, découvrir de nouveaux militants et permettre aux jeunes de faire des expériences en matière de militantisme, de lutte politique, de mobilisation, d'organisation, etc.
Pour cela, RedFox a créé notamment un Action Pack, un instrument sous forme de livret qui apporte un contenu approfondi au niveau de les jeunes (par la bande dessinée, par la culture, par un aspect interactif) et suscite l'action via des conseils et des exemples de ce qui est possible de faire dans son école ou à son niveau. Cela, combiné avec un plan organisationnel pour activer et encadrer les membres, a permis de mettre de nombreux jeunes en action et d’avoir des actions dans plus de 100 écoles dans le pays avec des milliers de jeunes qui ont été touchés. Ces actions ont été organisées par des membres mais aussi par des nouveaux contacts. Au total l’Action Pack a été envoyé à près de 3.500 personnes, dont 500 non-membres. Ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont pris l’organisation des actions en main, dont une grande majorité pour la première fois. Parfois des petites actions symboliques, et dans certains cas aussi des sit-in et des actions collectives. Dans une école, un jeune a même donné un exposé aux autres élèves de l’école sur le racisme sur base du contenu du livret. Toute cette campagne est une expérience pionnière en matière d’organisation et de sensibilisation. Et c’est le but de développer encore ce modèle dans les mois et années à venir.
L’autre terrain de travail de RedFox c’est en ligne, via la communication et les réseaux sociaux. Le potentiel est énorme pour toucher les jeunes mais aussi pour interagir, les organiser et les activer. RedFox a ainsi lancé un shop online où les jeunes peuvent commander gratuitement des stickers et des affiches en lien avec les campagnes et les principaux sujets qui les touchent. Plus de 20.000jeunes ont commandé des auto-collants et du matériel de RedFox contre le sexisme, contre le racisme ou en solidarité avec les Palestine. Cela représente 1,5 millions d’autocollants. Partout dans le pays on retrouve aujourd’hui des autocollants de RedFox qui sont collés par des membres mais aussi de nombreux jeunes non membres. Ce sont les mêmes campagnes et actions qui se prolongent et se complètent au niveau digital. C’est un moyen simple et direct pour activer des gens. Tout comme les jeunes qui ont commandé l’Action Pack sur le racisme, ces jeunes peuvent alors aussi être contactés et leurs proposer de devenir membre et actifs avec RedFox.
Les visuels et vidéos de RedFox sur des réseaux sociaux comme Instagram et Tiktok permettent aussi de toucher des milliers de jeunes. Certaines vidéos de jeunes de RedFox sur tiktok atteignent jusqu’à 1 million de vues. Suite à une vidéo sur Tiktok sur le racisme où nous invitions à commander le stickers de RedFox, nous avons eu par exemple plus de 1.000 jeunes qui ont l’ont commandé en un week-end. Ils ont tous été contactés et toute une série sont devenus membres. L’activisme online va ainsi main dans la main avec la mobilisation et l’organisation sur le terrain. L’évolution numérique offre des opportunités énormes pour mobiliser et organiser le jeunesse, qu’on ne doit certainement pas laisser à l’extrême-droite.
RedFox travaille sur les médias sociaux avec sa propre identité visuelle, qui a été développée en collaboration avec des jeunes. Et utilise également cette identité visuelle dans son matériel hors ligne (autocollants, flyers, etc.). Sur base de cette identité visuelle, on développe également du merchandising. Les premières expériences révèlent le potentiel énorme d’un merchandising progressiste. Il y a une demande énorme pour des pulls, t-shirts, bonnets avec des slogans et clin d’oeils progressistes. Pendant la crise Covid, les masques étaient aussi populaires auprès des jeunes.
Les jeunes de gauche ont aussi envie d'exprimer visuellement leur identité et leurs idées. Le partage de visuels ou de messages progressistes est également une forme d'activisme pour les jeunes. Les jeunes cherchent des moyens d'exprimer leur identité, d’afficher les valeurs qu'ils défendent. Leurs vêtements sont une prise de position. D’où l’importance d’avoir une telle offre.
Enfin RedFox se construit aussi autour d’activités fixes, notamment le camp d’été et les BoostDayz. Le camp est une semaine en été qui rassemble environ 200 jeunes de tout le pays, surtout des membres, et qui permet d’avoir des moments pour apprendre à se connaître, créé des liens, mais aussi donner des formations et préparer les campagnes.
Les BoostDayzs sont une initiative d’aide scolaire pour les jeunes à l’approche des examens. Nous organisons ainsi avec les sections de RedFox des espaces collectifs où les jeunes peuvent venir réviser et trouver de l’aide auprès d’adultes bénévoles. De manière gratuite et accessible. C’est une initiative d’aide concrète qui permet de développer la solidarité, et aussi d’organiser des adultes en soutien autour de RedFox – notamment des membres du parti qui viennent aider.
Vision et principes pour construire RedFox
Tout cela donne une idée des expériences que nous faisons avec notre mouvement de jeunes RedFox. Et cela reflète les idées autour desquelles nous construisons RedFox :
RedFox est un un mouvement de jeunes qui aborde les jeunes en tant que jeunes, dans toute leur diversité (aussi thématique). Nous ne voulons pas réduire les jeunes à leur qualité d'écolier. Les jeunes sont écoliers, sportifs, gamers, amoureux, bricoleurs, skaters, TikToker, musiciens, fêtards, blagueurs, amis, bénévoles ou moniteurs,... Bref, ils sont jeunes.
Nous voulons aborder les jeunes avec leurs qualités, leur potentiel, leurs talents, leur potentiel d’activiste, leur engagement.
Pour que des jeunes puissent porter le mouvement, nous devons faire de la politique d'une façon adaptée: Tant sur le fond (savoir ce qui vit chez les jeunes, partir des intérêts des jeunes) que sur la forme (trouver des manières créatives et variées de (s’)informer et d’agir). Les jeunes sont intéressés par plein de choses, se posent beaucoup de questions et veulent faire des choses variées. Notre mouvement de jeunes doit répondre à ce besoin en jouant au piano sur différents thèmes (racisme, inégalités, climat, sexisme, impérialisme, ...) et sur la forme des campagnes. La jeunesse est diverse et s’intéresse à des problèmes sociétaux divers. Notre mouvement de jeunes doit refléter cette diversité en variant les thèmes abordés et les formes d’activités. Faire de la politique de manière adaptée est essentiel pour que les jeunes eux-mêmes puissent porter le mouvement de jeunes, mobiliser d’autres jeunes et faire grandir le mouvement.
Les jeunes ont des besoins culturels, sportifs, émotionnels, sociaux, et nous devons les prendre en compte et les enrichir. La politique peut s’exprimer par la culture, la musique, le théâtre, la vidéo, le sport… RedFox est un mouvement de jeunes qui est aussi un espace de rencontre, d’amusement, de loisirs pour les jeunes.
Nous développons des campagnes, projets, actions qui insufflent une dynamique d’action collective pour le changement. Avec du matériel « prêt à l’emploi » pour les sections locales, à la fois en termes d’action et d’éducation. Avec un planning de l’année avec une ou plusieurs campagnes qui offrent un cadre politique et organisationnel pour une période.
Dans tout ça, le rôle des médias sociaux est crucial: les réseaux sociaux sont un lieu pour sensibiliser, organiser et mobiliser les jeunes. Des formes d’activisme sur les médias sociaux complètent les mouvements sociaux dans la rue.
La dynamique de groupe est très importante pour des jeunes. Certainement durant l’adolescence, le sentiment d’appartenir à un groupe, de se sentir accepté comme on est, de faire de nouvelles rencontres et de lier des amitiés, ce sont des choses essentielles. C’est pour ça qu’à RedFox on donne une attention particulière à l’ambiance et la dynamique de groupe, aux jeux de connaissance, à prendre le temps de connaitre nos membres. Les responsables s’efforcent de créer un espace où chacun peut trouver sa place, s’exprimer et participer aux projets collectifs.
Nous faisons de l'éducation politique de manière adaptée. Nous optons pour une approche jeune et pédagogique qui donne envie aux jeunes d’apprendre et de partir à la découverte des choses. Nous leur proposons des formations sur mesure sur des thèmes qui les concernent, et offrons les bases d'une formation marxiste pour les jeunes. RedFox utilise les connaissances de la pédagogie marxiste pour éduquer politiquement les jeunes sur toutes les questions qui les touchent et les animent.
Le travail sur les valeurs est très importants pour construire RedFox, des valeurs comme la solidarité, le respect de l’autre, le sens du collectif, la confiance en soi, l’égalité, l’internationalisme, le sens des responsabilité, le respect du travail, … Car les jeunes sont en plein développement, à la recherche de leur propre identité et d’une vision du monde. Et les valeurs qu’ils apprennent sont des valeurs qu'ils et elles garderont toute leur vie. Dans chaque contact avec les jeunes, nous promouvons nous-mêmes activement ces valeurs, avant tout dans la pratique.
RedFox est une organisation de jeunes, pour les jeunes et par les jeunes. L’organisation est structurée à différents niveaux, avec des membres, des animateurs et des moniteurs. Les animateurs sont un niveau essentiel : ce sont des jeunes à partir de 16 ans qui s’engagent et prennent des responsabilités dans la pratique pour construire RedFox. Tout le but est justement de faire confiance aux jeunes et de leur faire prendre des responsabilités. Les moniteurs sont des jeunes adultes de + de 18 ans, qui forment la direction des sections locales et au niveau national.
L’attention spécifiques aux jeunes de la classe travailleuse. RedFox s’adresse à des jeunes de toutes les origines et de tous les milieux sociaux. Mais l’enjeu de percer dans la jeunesse issue de la classe travailleuse. S'adresser tant aux élèves de l'enseignement secondaire général qu'aux élèves des écoles techniques et professionnelles. Il y a une richesse, une connaissance, un savoir-faire dans cette jeunesse qu’on veut capter. Ces jeunes ont souvent été relégués en technique et professionnel dans le système scolaire, dévalorisés et diminués. On les a convaincus qu’ils ne valaient rien, et pourtant ce sont ces jeunes qui feront partie des “working class hero” de ce monde. Ce sont les futurs travailleurs de demain, ceux qui feront tourner la société, ceux qui produisent les richesses. Ils se retrouvent au cœur de la technique et du savoir de production. Et pour construire notre société de demain, le socialisme, nous aurons besoin de cette jeunesse et de ses capacités.
Conclusion – la jeunesse est l’avenir
A travers le partage de ces réflexions et de cet exemple concret, j’espère avoir pu donner une idée d’où nous en sommes en Belgique, le chemin que nous avons parcouru et les défis qui sont encore devant nous.
Je pense, pour conclure, que l’essentiel est la chose suivante : nous voulons la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, la fin de l’épuisement des ressources de la planète. Et cela ce sont les jeunes qui le réaliseront.
[1]https://news.gallup.com/poll/268766/socialism-popular-capitalism-among-young-adults.aspx