Marc Botenga : « Incarner l’espoir pour une rupture sociale »
Discours d’ouverture au meeting « L’Europe pour les gens »
Chers ami.es et camarades,
Bienvenue à toutes et à tous, à cette soirée d’échange, de discussion et de rencontres. Quel plaisir de vous voir toutes et tous ici ce soir.
Comme vous le savez le gouvernement belge préside actuellement l’Union européenne. Ce n’est donc pas une coïncidence évidemment qu’avec nos amis nous avons voulu réunir largement ici à Bruxelles des militants, des activistes, des gens qui se battent au quotidien pour une Europe différente, en rupture avec les politiques actuelles. Nous sommes ici pour donner une voix à l’espoir.
Parce que malheureusement, le gouvernement belge préside une Union européenne qui nous mène droit dans le mur. Le bilan de cinq ans de cette Commission européenne, présidée par Ursula Von der Leyen et soutenue par une coalition allant de la droite aux sociaux-démocrates, avec un soutien ponctuel des écologistes, est épouvantable.
Sur le plan social d’abord. Un tiers des Européens doivent sauter un repas parce qu’ils n’ont pas l’argent pour trois repas par jour. Plus d’un tiers n’arrivent pas à répondre aux besoins élémentaires de leurs enfants. Autour de 46 % des Européens ont peur de monter le chauffage quand ils ont froid. Des dizaines de millions d’Européens risquent la pauvreté. Et face à cela, qu’a donc fait la Commission européenne ? A-t-elle bloqué les prix de l’énergie? Non. Est-ce qu’elle a taxé les surprofits des grandes multinationales, pharmaceutiques, énergétiques ou militaires qui ont profité des crises successives ? Non. A-t-elle a essayé de tacler les inégalités sur notre continent via une taxe des millionnaires ou en bloquant l’évasion fiscale ? Non.
Non, ce qu’elle propose, c’est le retour de l’austérité. Venir chercher l’argent dans les poches des travailleurs, en utilisant les règles européennes pour s’attaquer à leurs salaires, leurs pensions, et leurs services publics. Dans les recommandations de la Commission faites à mon pays, la Belgique, recommandations faites en plein milieu d’une crise du pouvoir d’achat, la Commission a même osé critiquer le mécanisme d’indexation automatique des salaires. En d’autres mots, pour elle, les travailleurs belges ont des salaires trop élevés. Et le gouvernement, la présidence belge, qui peut à lui seul bloquer tout ce paquet, collabore.
Sur le plan démocratique, ces politiques anti-sociales, ignorant les besoins des classes travailleuses de notre continent, montrent à quel point les élites européennes sont déconnectées des gens. Très proches des multinationales et des lobbies qu’ils fréquentent au jour le jour, avec des salaires allant jusqu’à plus de €30.000 euros par mois, les Commissaires européens ne se rendent pas compte de l’urgence sociale. C’est l’échec démocratique de cette Union.
Sur le plan de la paix ensuite. Cette Commission européenne s’était présentée comme la « Commission géopolitique », mais elle a torpillé l’image de l’Europe dans le monde. Par son deux poids, deux mesures, d’abord. Quand la Russie a illégalement envahi et attaqué l’Ukraine, l’Union européenne s’est prétendue la grande défenseuse du droit international. Mais quand la Cour internationale de justice et les experts des Nations unies parlent d’un risque de génocide à Gaza, l’Union européenne n’a non seulement pris aucune sanction, elle a même continué de soutenir Israël par des livraisons d’armes et des subsides.
En choisissant de se mettre à la remorque de la politique étrangère américaine, cette Union européenne a perdu toute crédibilité dans le monde en tant qu’acteur pour la paix. D’ailleurs, depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne n’a pas pris une seule initiative diplomatique pour arrêter cette guerre, pour arrêter les tueries. Elle a imposé des sanctions auxquelles les oligarques russes ont échappé, pendant que l’industrie européenne en a pâti les conséquences. Et aujourd’hui, les déclarations incendiaires de certains dirigeants européens nous poussent vers un affrontement catastrophique entre puissances nucléaires. Si nous voulons la paix, préparons la paix.
Sur le plan climatique enfin. Le Green Deal, le Pacte vert de la Commission a été vendu comme une transition juste. Mais en réalité, partout en Europe, on cherche en vain la dimension sociale de cette transition. Pendant que les gros pollueurs reçoivent de l’argent public gratuit, et qu’il y a toujours de l’argent public qui va vers les énergies fossiles, des taxes carbones sur l’essence ou le logement, des taxes kilométriques frappent de plein fouet les travailleurs qui n’ont pas d’alternative que d’utiliser leur voiture.
Pourtant, nous ne sommes pas ici pour déprimer. Non. Les gens sont en colère face aux politiques traditionnelles. En Europe. Et dans le monde. Et ils se lèvent.
C’est ce que notre secrétaire-général Peter Mertens décrit dans son nouveau livre Mutinerie. Une mutinerie au Sud où les pays du Sud n’acceptent plus le deux poids, deux mesures de la politique étrangère européenne. Des pays qui revendiquent leur droit à une politique autonome. Et, une mutinerie au Nord, en Europe, où les gens cherchent une alternative de rupture. Des millions de Français qui se sont mobilisés contre la réforme des retraites en France à l’été et l’hiver du mécontentement au Royaume Uni, et aux grèves actuelles partout en Allemagne, la classe travailleuse européenne se bat au quotidien. Trop souvent ces luttes sont obscurcies. Nous devons remettre ce récit de la lutte des classes au cœur de notre histoire.
Parce que cette mutinerie porte en elle, l’espoir d’une Europe différente que nous devrons construire. Arrêtons de nous plaindre de la surpuissance du capital. Soyons fiers de notre force qui incarne la grande majorité sociale de notre société. L’extrême-droite essaie de canaliser la colère des gens vers le bas, contre celles et ceux qui vivent des situations encore plus précaires, les chômeurs ou les réfugiés. Comme si ce seraient eux les responsables de la crise, et non pas les grandes multinationales ou les milliardaires qui ne paient pas d’impôts.
Nous sommes là pour incarner l’espoir, une rupture sociale. Dans les assemblées, mais surtout dans les rues. Et donc je veux vraiment vous remercier d’être ici aujourd’hui. De participer à cet échange ouvert, des discussions de fond, dans l’inclusion de toutes les forces de gauche.
Ensemble, avec toutes les forces présentes ici, et dans la société, qui veulent une rupture sociale, qui veulent la paix, et une Europe au service des gens, nous pouvons gagner et imposer notre agenda. Nous l’avons fait plusieurs fois ces années-ci. Nous allons continuer à le faire.