Le PTB veut le maintien des revenus pour les personnes en quarantaine
En Belgique, à partir du 11 mai, le traçage des contacts se met en place. Les contacts de personnes contaminées devront rester en quarantaine à domicile pendant 14 jours s'ils sont appelés par un traceur. Avec la proposition actuelle du gouvernement, de nombreuses personnes vont subir une perte de salaire de 30% pendant leur quarantaine. Pour de nombreuses familles, c’est une nouvelle perte financière potentielle, après celle causée par le confinement. Sofie Merckx, députée du PTB, propose d’assurer le maintien du salaire en cas de quarantaine : « Pour combattre le coronavirus, nous devons faire le maximum pour que le plus grand nombre de personnes possible puisse suivre les conseils des traceurs de contact. Cela signifie que chacun devrait pouvoir garder ses revenus. »
Le traçage des contacts est le seul moyen d'empêcher une nouvelle vague de l’épidémie de coronavirus. Nous savons que les gens sont contagieux 48 heures avant que les premiers symptômes ne se manifestent. En gardant en confinement tous les contacts proches des patients corona durant 14 jours (la durée d'incubation maximale), nous briserons la chaîne de transmission. La proposition du gouvernement est que tous les contacts proches reçoivent de leur médecin un certificat de quarantaine pour l'employeur. Si on le souhaite, on peut faire du télétravail à domicile. Ceux pour qui cela n’est pas une option tombent sous le régime du chômage temporaire. Cela signifie que des salariés perdront au moins 30 % de leur salaire. Sofie Merckx, elle-même médecin généraliste à Charleroi, répond : « Je crains que de nombreux patients ne décrochent s'il s'avère qu'ils pourraient perdre des centaines d’euros de revenu à cause de la quarantaine. »
Une mauvaise idée selon les experts médicaux
Sofie Merckx explique comment elle évalue les conséquences de cette décision pour ses patients de Médecine pour le Peuple : « La perte de salaire en cas de quarantaine est inacceptable. Après deux mois de chômage technique, de nombreuses familles sont déjà en difficulté. Ajouter encore une période (éventuellement plusieurs) de 14 jours de quarantaine accompagnée d’une perte de salaire importante, n'est pas une bonne idée. Cela peut également mettre en péril le respect des mesures. Ces dernières semaines, tous les experts médicaux ont souligné l'importance du maintien des salaires pour la réussite de ce projet. Sans un traçage de contact efficace, il sera très difficile de contrôler le virus dans notre pays. Ne devons-nous pas faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cela fonctionne ? »
Tant qu'il n'y aura pas de vaccin disponible, ce traçage de contact sera nécessaire. Selon Sofie Merckx, cela signifie que, pour certaines personnes, la facture peut s’avérer salée : « Il n'est pas inconcevable que les gens rencontrent successivement plusieurs parents ou collègues malades. Imaginez un peu, par exemple, que pendant deux ou trois mois d'affilée, vous perdiez 30 % de vos revenus. La décision du ministre compromet l’adhésion des citoyens et sape les chances de réussite de ce projet crucial. »
Les bas salaires principalement touchés
Selon Sofie Merckx, le dispositif n'est pas non plus équitable : « Ceux qui peuvent faire du télétravail pour leur boulot peuvent garder leur salaire, ceux qui ne le peuvent pas subiront une perte de salaire. Ce sont donc principalement ceux qui ont déjà les salaires les plus bas aujourd'hui (femmes de ménage, ouvriers…) qui subiront une nouvelle perte de revenus suite à cette mesure. »
Sofie Merckx donne un exemple concret tiré de son expérience de la semaine dernière : « Sandy est mère célibataire et s'est retrouvée au chômage technique en tant que femme de ménage. Elle a déjà eu deux mois difficiles, seule à la maison avec ses deux enfants. Une nouvelle perte de salaire, si par exemple l'un de ses enfants tombe malade, n’est tout simplement plus tenable. »
Le PTB propose de garantir 100 % du revenu
Sofie Merckx va déposer une proposition de loi pour venir rapidement à bout de ce problème. « Selon un Arrêté royal de 1996, il existe un système de congé prophylactique pour les maladies infectieuses telles que la méningite ou la scarlatine. Il est logique que le certificat de quarantaine du suivi des contacts donne droit à ce système, et qu’il soit adapté de sorte à ce que la totalité du revenu soit garantie. » En cas de congé prophylactique, la personne concernée est immédiatement couverte par l'assurance maladie. La proposition du PTB sera de faire en sorte que les employeurs prennent en charge la différence entre l’allocation de l’assurance maladie et la totalité du salaire. Une autre option est de faire combler la différence avec le chômage économique par l’employeur. Sofie Merckx : « Dans tous les cas, le maintien du salaire est positif, tant pour les salariés que pour les employeurs. L'épidémie du coronavirus n'est pas terminée et il est important de faire le maximum pour contenir sa propagation. Si des contacts proches d'une personne malade ignorent les conseils de quarantaine pour des raisons financières et continuent donc à travailler alors qu'ils sont potentiellement contagieux, tout le monde en subira les conséquences. Investir dans ce domaine, c'est investir dans la prévention. Les coûts d'une deuxième vague peuvent être bien plus élevés et c’est ce qu’il nous faut éviter à tout prix », conclut Sofie Merckx.