Le PTB dépose une proposition pour un plan d’urgence contre le coronavirus
Le PTB exige que la Belgique passe à la vitesse supérieure dans la lutte contre le coronavirus, et a déposé au parlement une proposition pour dégager les moyens nécessaires dans le cadre des discussions sur le budget. « Les mesures actuellement sur la table sont loin d'être suffisantes pour protéger les gens, déclare Sofie Merckx, médecin généraliste et députée PTB. Cet avis est également partagé par les experts internationaux de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Nous devons agir maintenant, et faire primer la santé publique sur les intérêts économiques à court terme. »
Le 11 mars, la commission Finances de la Chambre a examiné le projet de loi sur les « douzièmes provisoires » pour les mois d'avril, mai et juin (*). Le PTB a déposé un amendement budgétaire visant à mettre sur pied des fonds pour financer un plan d'action de lutte contre le coronavirus. Le parti de gauche prévoit une première tranche de 105 millions d'euros, axée sur la prévention, l'extension de la capacité hospitalière et un financement complémentaire de la sécurité sociale afin de protéger les travailleurs touchés directement ou indirectement par le coronavirus.
Un : élargir les équipes de recherche des sources et des contacts
Afin d'endiguer la propagation du virus autant que possible, il faut faire le maximum pour isoler et mettre en quarantaine les personnes infectées, mais aussi leurs proches. « Dans la ville de Wuhan, plus de 1 800 équipes épidémiologiques comptant au moins cinq personnes ont été déployées dans ce but, explique Sofie Merckx. L'Organisation mondiale de la Santé fait l'éloge de cette approche rigoureuse, et recommande aux autres pays de s'engager au maximum sur cette voie. Pourtant, dans notre pays, les équipes chargées de cette tâche manquent cruellement de personnel. »
Dans notre pays, la recherche des sources et des contacts des personnes infectées est une compétence des ministres régionaux de la santé. Sofie Merckx poursuit : « Cependant, la loi spéciale habilite le gouvernement fédéral, en particulier en temps de crise sanitaire, à prendre des mesures nationales en matière de prophylaxie. Dans ce contexte, nous proposons que les ressources nécessaires soient mises à disposition, au niveau fédéral, pour la mise sur pied d'équipes épidémiologiques temporaires. »
La proposition du PTB prévoit 250 équipes de 5 personnes chacune à déployer localement en fonction des besoins. Ces équipes agiront sous l'autorité d'un Commissaire fédéral au Coronavirus, qui doit être nommé. Elle devront appliquer les directives de l'OMS en matière de recherche des contacts, et mettre en quarantaine tous les contacts proches des personnes infectées.
Deux : augmenter les capacités des hôpitaux
L'Organisation mondiale de la santé souligne en outre la nécessité de garantir des capacités hospitalières suffisantes pour accueillir les cas les plus graves de contamination au coronavirus. « Le nombre de lits en soins intensifs est crucial à ce titre, surtout pour pouvoir traiter au mieux les patients à risque souffrant d'insuffisance respiratoire », précise Sofie Merckx. Dans le scénario le plus pessimiste, le virologue Steven Van Gucht, président du comité scientifique coronavirus, table sur 2 000 à 3 000 hospitalisations, dont 500 à 700 aux soins intensifs. « Cela va mettre une pression énorme sur nos hôpitaux. Or il n'y a aujourd'hui dans notre pays que 150 lits disponibles pour les personnes contaminées par le coronavirus. Il est urgent de mettre à disposition les ressources nécessaires pour étendre cette capacité et être prêts à accueillir de nouveaux patients dans les meilleures conditions », affirme la députée PTB.
Trois : renforcer la sécurité sociale pour les travailleurs concernés
Dans le troisième volet de son plan d'action, le PTB envisage des moyens supplémentaires pour renforcer la sécurité sociale. « Les travailleurs ne doivent pas devenir les victimes de cette crise. S'ils sont directement ou indirectement touchés par le coronavirus, ils doivent pouvoir bénéficier d'une protection maximale contre la perte de revenus », défend Sofie Merckx. Pour cela, il faut pouvoir faire appel à différents systèmes de sécurité sociale, tels que l'assurance maladie ou les possibilités de chômage temporaire. « La sécurité sociale est là pour amortir les chocs en temps de crise, ajoute Sofie Merckx. Toutefois, elle doit pour cela être suffisamment financée, surtout lorsque ce financement est sous pression depuis des années en raison de la réduction des cotisations de sécurité sociale des employeurs par les différents gouvernements successifs. »
Avec son plan d'action, le PTB met sur la table une série de mesures constructives que le parti de gauche entend proposer pour lutter contre cette épidémie. « Nous suivons les experts internationaux en matière de santé qui appellent les gouvernements à prendre des mesures énergiques dans les plus brefs délais, conclut Sofie Merckx. Et nous ne pouvons que nous ranger derrière la grande revue scientifique The Lancet lorsqu'elle décrète que les intérêts économiques à court terme ne doivent pas primer sur la protection de la santé publique. »
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(*) La formation d'un gouvernement fédéral en Belgique reste bloquée depuis les élections du 26 mai 2019. Le gouvernement en charge des affaires courantes ne peut pas élaborer un nouveau budget pour 2020 et doit présenter chaque trimestre un projet de loi pour un budget prévisionnel, basé sur le budget mensuel moyen de l'année précédente (le budget annuel divisé par 12).